Katherine Bakhoum Tisne

Anita Coppet 2015

Au commencement était le verbe. Pour Katherine Bakhoum Tisné, peintre d’un Orient rempli de mystère, tout commence avec le fond. Cette première confrontation avec la toile, sa transformation est l’une des clés de son œuvre, et c’est en partie ce travail qui en fait toute l’originalité. Pour cette nouvelle exposition dans le pays qui l’a vu naître, elle continue à creuser ce sillon, proposant à son incomparable technique du pastel, un support travaillé avec une minutie de plus en plus exacerbée.

Porteuse d’histoire, Katherine Bakhoum Tisné utilise les vieux écrits. Calligraphies d’hier qu’elle retrace du bout du pinceau comme un scribe du temps jadis, réinventant les signes. Ses grands formats, dont l’étonnant Triptyque avec derviche, font éclater cette alliance du fond et de la forme, du papier collé et des pigments.

Les thèmes de ce nouvel opus ne changent pas et l’on retrouve avec plaisir les obsessions du peintre. La danse en est une, à qui elle rend hommage jusque dans ses ciels. De même que les portraits de ces femmes semblables à des apparitions, évanescentes ou au contraire terriennes altières. Viennent enfin les incroyables paysages, où elle glisse des silhouettes, témoins de ces rêves éveillés.

Katherine Bakhoum Tisné n’a pas fini de nous étonner et la trentaine de toiles que nous découvrirons au Caire, sera accompagnée d’un autre nouveau travail sur la matière. « Mes boîtes écrasées », trésor constitué sur la route de désert, ferrailles aplaties par les camions puis peintes à l’inspiration pour devenir de petits tableaux d’une incroyable facture.

Miniatures ou grands formats, quelque soit le support, l’œuvre de Katherine Bakhoum Tisné vibre, résonne à la manière d’un cosmos coloré. Et si un certain rouge pourrait porter son nom, des teintes dont elle a le secret s’invitent, sur ces toiles. Solaires, minérales, végétales, toutes ramènent à lumière.

 

Anita Coppet 2015, translation Roger Salloch

In the beginning was the word. For Katherine Tisné, painter of an Orient steeped in mystery, everything begins with this base. An initial confrontation with the canvas, and its transformation is one of the keys to her work, and constitutes an essential part of its originality. For this new exhibition in the country where she was born, Katherine Tisné continues to mine this vein, adding visual supports to her incomparable pastel technique, with an obsession for detail that is increasingly emphasized.

A story-teller, a bearer of History, Katherine Tisne uses old writings, calligraphies from yesterday’s world that she retraces with the end of her brush, like scribes of old, reinventing the signs and the language. Her large works, including the surprising “Triptych with dervish”, constitute an explosive revelation, marrying form and content, collage and pigments.

The themes of this new collection have not changed and it is with pleasure that one rediscovers the painter’s obsessions. Dance is one of them. She renders hommage to it, placing her dancers up in the clouds, painting them in the same spirit as her portraits of women, themselves like ghosts, evanescents, or, on the contrary, grounded earthlings. Finally there are the incredible landcapes, into which she slips silhouettes, witnesses to dreams that have sprung to life.

Katherine Tisne has not finished to astonish us. The thirty canvases being shown in Cairo will be accompanied by a different kind of creation — “my crushed cans”, treasures picked up on the side of the road in Egypt, containers of canned goods flattened by trucks and then painted over in an improvised way to become small tableaux of extraordinary vitality.

Miniatures or large format, whatever the support, Tisné’s work is a colord cosmos, vibrating, resonating. If a certain red could easily bear her name, other tints invite themselves into her work. Solar, mineral, vegetable, everything leads to the light.